Borderland

Kenneth White

Borderland de Kenneth White

Collection IMPROBABLE

Borderland

ou la mouvance des marges

LE LIVRE

Poésie
20,5 x 12 cm
144 pages
Couverture souple, livre broché, cousu
ISBN 979-10-92521-27-6

Dans son prologue, l’auteur définit Borderland comme « un manifeste des marges ». À la première lecture, les dix-sept chapitres de l’ouvrage pourraient paraître comme autant d’éclats dont on ne perçoit pas immédiatement le développement organique. Voilà des pistes – parfois extravagantes, un terme que l’auteur affectionne – destinées à suggérer une « lointaine possibilité » pour sortir de « l’aliénation totale ». Dans ses livres tels que Le Plateau de l’Albatros, introduction à la géopoétique et Au large de l’Histoire, White fait une analyse clairvoyante de l’état du monde et dresse la cartographie d’une ouverture possible. Borderland peut être considéré comme une extension, plus ancrée dans l’actualité et dans l’environnement immédiat, de ces grands livres perspectivistes et théoriques. Ce n’est pas pour rien que le livre est dédié à Desiderius Erasmus (Éloge de la folie), et à Nikolai Gogol (Le Journal d’un fou). Le tout dans une atmosphère de résistance rieuse et de sagesse salée.

L’auteur

D’origine écossaise, Kenneth White est établi en France depuis quarante ans. Auteur d’une œuvre importante, qui comprend le récit, l’essai, la poésie, et qui s’est vu décerner certains des prix les plus prestigieux, entre autres le prix Médicis étranger pour La Route bleue, le prix Édouard Glissant pour son ouverture aux cultures du monde, le grand prix du Rayonnement français de l’Académie française et le prix Grinzane-Biamonti (Italie) pour l’ensemble de son œuvre. De 1983 à 1996, il a occupé la chaire de Poétique à Paris-Sorbonne. En 1989, il a fondé l’Institut international de géopoétique.

EXTRAIT

Tous les jours, me dirigeant vers le rivage, je suis rituellement le même itinéraire, celui du Chemin des pies (c’est le nom que je lui donne) jusqu’à la plage de Pors Coz, où je vais saluer un héron blanc. Dans son Histoire naturelle, une de mes Bibles, Buffon dit ceci : « On voit beaucoup de hérons blancs sur les côtes de Bretagne, et cependant, l’espèce est fort rare en Angleterre. » Il faut croire que ces hérons blancs deviennent rares aussi en Bretagne. Toujours est-il que, jusqu’à présent, je n’en ai jamais vu qu’un seul. En appelant ma trajectoire la « routine de Kœnigsberg », je pense, évidemment, à Emmanuel Kant. On connaît la vie de Kant, du moins dans ses grandes lignes : descendant d’une famille d’émigrés écossais installée dans les pays baltes, professeur de philosophie à l’université deKœnigsberg, à la frontière germano-polono-russe. On sait aussi comment il réglait son existence – comme une horloge, comme une partition de musique : après des heures d’étude, une promenade quotidienne, toujours sur le même chemin, toujours à la même heure. Une telle monotonie existentielle laisse songeur. Songer, un verbe des plus intéressants…