Théâtres du temps

Manuel Gusmão

Préface de João Barrento

Traduit par Cristina Isabel de Melo

COLLECTION CLASSIQUE VAGAMUNDO
LE LIVRE

Poésie
Langue : Français traduit du Portugais
Traduction de Cristina Isabel de Melo
20 x 11 cm
152 pages
Couverture brochée cousue
ISBN 978-2-9536228-2-9

La poésie de Manuel Gusmão est un exemple singulier, presque paradoxal, d’un discours résistant à la lecture, pure organisation mentale, et en même temps constamment traversée par des noyaux de la plus limpide et fulgurante intensité lyrique.

Dans ces théâtres du temps, où l’on est acteur de hasards en un temps vécu comme discontinu, il y a une place, dans la poésie de Manuel Gusmão, pour les temps de la terre et de la maison, entre équinoxes et solstices, entre l’amour, les livres, la maladie ; et également pour les temps de l’Histoire et du grand monde. Et, contre toute attente devant l’état de ce monde, quand le poème fait coïncider ces « temps constellés », ainsi que le poète les évoque, en lui naît la joie de la vision, cette dif cile construction de la joie qui est toujours le revers ou le pli d’une douleur. Dans sa solitude radicale, le poème ne clame pas au désert : le poème appelle a n que quelqu’un accoure, et « le monde n’a de cesse d’aller au lieu de rencontre ».

João Barrento / Extrait de la Préface © éditions Vagamundo, 2012

L’auteur

Manuel Gusmão, né en 1945 à Évora, au sud du Portugal, est poète, essayiste, traducteur (de Francis Ponge) et a été professeur à la Faculté de Lettres de Lisbonne. Il est titulaire d’une Licence de Philologie Romane sur Fernando Pessoa et d’un Doctorat sur la poétique de Francis Ponge. Il a collaboré à différentes revues littéraires et son nom gure parmi ceux des plus grands essayistes portugais.

Plusieurs de ses ouvrages ont été récompensés, et notamment son dernier recueil de poèmes A Terceira Mão (La Troisième Main) qui a remporté, en 2009, le Prix de Littérature du Groupe DST. Théâtres du temps a remporté, en 2002, le Grand Prix de Poésie de l’Association Portugaise des Écrivains et le Prix de Poésie Luís Miguel Nava. C’est le premier ouvrage de l’auteur traduit en langue française.

extrait
II Le deuxième matin

Il était 05 heures et une année venait de passer avec son travail de mort et de vie. C’est toi à présent qui invite au crépuscule matinal du monde : la montagne et la plaine forment une baie qui accueille la voûte du ciel et l’interminable ria. Le amboiement est une plage qui fait vibrer le premier rouge diffuse un halo doré et ouvre le bleu du blanc.
Le rouge l’or et le blanc teintent l’arc fragile du dernier quartier de lune. Les lumières et les eaux écrivent les éclats scintillants. Une demi-heure plus tard, quand tu reviens à toi déjà la faucille lunaire s’est hissée un peu plus haut dans le théâtre aérien et la terre récite ses gures hésitantes. Le matin s’ouvre contre nous comme une orange acide et froide, comme une petite nuit autour du soleil.

Manuel Gusmão / traduction de Cristina Isabel de Melo © éditions Vagamundo, 2012