Milec le soldat méconnu

Soizick Le Pautremat

Préface de Nicolas Beaupré

LE LIVRE

Histoire de la Première Guerre mondiale
Beau livre d’art
24 x 16 cm
512 pages
Couverture souple, livre broché cousu
ISBN 979-10-92521-19-1

L’ouvrage regroupe les carnets de guerre d’Émile Madec, de nombreux extraits de sa correspondance avec sa marraine de guerre, sa famille, ses amis, ainsi que quelques dessins et aquarelles qu’il a réalisés au front. Les textes et documents visuels sont établis, présentés et annotés par Soizick Le Pautremat qui signe également le prologue de cet ouvrage préfacé par l’historien Nicolas Beaupré et enrichi d’une soixantaine de documents visuels inédits.

L’auteur

Soizick Le Pautremat est née le 12 janvier 1947 à Plouguenast (Côtes d’Armor). Elle vit à Port-Louis, dans le Morbihan. Elle est professeur agrégé d’histoire-géographie en retraite. En 1968, elle reçoit, de sa grand-tante Françoise Madec, les carnets de guerre, dessins, aquarelles et derniers effets personnels de son grand-oncle Émile Madec, dit « Milec », né le 24 juillet 1891 à Pont-Aven et mort pour la France le 7 mai 1917 lors de la bataille du Chemin des Dames. Persuadée que ces carnets pouvaient être utiles, qu’ils viendraient compléter les souvenirs contenus dans les « Cahiers du 19e R.I. » et apporter une autre vision de la guerre, celle d’un infirmier, elle décide de les publier. Mon ambition est de montrer, à partir de l’exemple d’un caporal infirmier, que ces hommes soignants ont encore des informations, non négligeables, à nous apprendre sur cette guerre et qu’ils ne sont pas, comme je l’ai lu « les embusqués des tranchées ». Mon travail de mémoire se double alors d’un « devoir de connaissance », selon l’expression de François Bédarida, pour aboutir à une reconnaissance de ceux que je nomme les « soldats méconnus ».

Émile Madec n’était pas seulement un Poilu : artisan comme son père, il était aussi artiste de formation, soldat infirmier par choix et humaniste de culture.

Extrait

Jeanne, aujourd’hui, pour varier le menu de mes narrations, je vais vous conduire à travers les diverses scènes de l’infirmerie et vous parler du service auquel je suis spécialement attaché: la partie médicale. Ici, nous jouons deux rôles principaux: nous pansons les blessés et soignons les malades. Voyons d’abord les blessés. Pendant l’action, nous cherchons autant que possible un coin qui nous offre la faculté de faire, quelque peu à l’abri, des pansements propres et solides. Il est de première nécessité de fournir aux blessés cette satisfaction morale qui consiste à leur donner l’illusion d’être en sécurité. Un blessé réclame toujours l’évacuation la plus rapide ce qui ne peut se faire souvent que très difficilement. Par exemple, à Verdun, où nous étions vus de tous côtés, sans ordre, il était absolument défendu de bouger en plein jour et la nuit, dans un terrain des plus accidenté, un terrain détrempé par la pluie cent fois remué par les obus et avec de la boue jusqu’aux genoux, ce n’était qu’au prix d’efforts surhumains, en multipliant ses forces et ses énergies, que l’on réussissait à sortir les blessés de cette fournaise. Là, nous n’avions que le flanc d’un coteau pour nous abriter. Pas un seul gourbi. Plusieurs hommes blessés le matin étaient reblessés pour le soir et souvent tués. Considérable a été le nombre des tués et des blessés dans notre formation depuis le début.

Article de Vincent Suard publié sur le site CRID 14-18